Les conseils de Faye : Goldorak

un peu de Nostalgie

J’ai découvert Goldorak dans les années 80 durant ses rediffusions. Ma première réaction fut la fascination pour ce géant d’acier, affrontant des monstres extraterrestres pour protéger notre Terre. Ces combats étaient impressionnants et ils ont contribué plus tard à ma découverte du merveilleux univers des Kaiju. J’avais été impressionnée par le gigantisme de ces créatures, le côté grandiose de l’action, et surtout la force des affrontements. Ado, j’ai eu l’occasion de redécouvrir Goldorak et cette fois-ci, je me suis intéressée à l’histoire écrite par Go Nagai.

Goldorak le Géant

Couverture de Goldorak

J’ai donc découvert la tragique histoire d’Actarus, survivant de la terrible attaque par l’empire Véga de sa planète, Euphore. Exilé sur Terre, il fait la connaissance du professeur Procyon qui va le soigner et l’adopter, lui permettant de vivre parmi les humains. Il rencontrera également Alcor et Venusia qui l’aideront par la suite dans son combat.

L’histoire d’Actarus est celle d’un survivant qui vit avec le traumatisme de cette guerre et également avec la culpabilité d’être encore en vie. Le fait de se sentir impuissant va provoquer en lui un dilemme lorsqu’il devra reprendre le combat aux manettes de Goldorak. Est-il assez fort pour protéger la Terre ? N’est-il pas responsable de la destruction de sa planète ? Tant de questionnements qui font de ce prince une figure de héros intéressant et non parfait que l’on a plaisir à suivre.

On peut voir aussi dans cette série animée un rappel des propres traumatisme du Japon. Comment se reconstruire après avoir vu l’horreur, lors de Hiroshima ? Sommes-nous responsable de notre destin ? Le public japonais pouvait parfaitement comprendre les enjeux du héros.
Sa relation avec ses alliés et tout aussi intéressante et montre une autre lutte dans l’esprit de notre héros, partagé entre l’envie de s’attacher et de ne plus être seul dans son combat, mais également la peur d’être responsable de leur mort.

Goldorak n’est cependant pas sans défauts, des personnages secondaires à l’humour un peu lourd et surtout des héroïnes qui se ressemblent et qui sont très mal écrites. Si on creuse d’ailleurs un peu plus l’œuvre de Go Nagai, vous pourrez vous rendre compte du côté assez sexiste du Monsieur. Malgré ces défauts, Goldorak reste une grande pièce de la pop culture. C’est donc avec une certaine curiosité et appréhension que j’ai lu cette suite écriture par Xavier Dorison.

 

Une lettre d’amour

 

Autant le dire d’entrée, ce Goldorak 2021 a été une très belle surprise et un gros coup de cœur. Xavier Dorison nous propose une suite qui sent l’amour de l’œuvre originale à chaque case.
C’est respectueux de l’univers, il y a un vrai travail d’analyse de l’œuvre et une adaptation aux codes de notre époque. Les dessins sont magnifiques !

L’univers est parfaitement retranscrit et même si le coup de crayon est différent de l’original, il n’en reste pas moins dynamique avec une mise en scène de l’action grandiose rappelant par exemple un autre hommage à la culture japonaise, celui de Guillermo Del Toro dans Pacific Rim. C’est grand, c’est fort. Le travail des couleurs est tout aussi formidable entre rétro et modernité, n’hésitant pas à adapter sa palette à l’action. Une belle œuvre donc à l’histoire bien construite.

 

Le retour

 

Nous retrouvons donc nos personnages des années après le départ d’Actarus et de sa sœur Phénicia de la Terre vers Euphore pour tenter de la reconstruire. Tout ne va pas se passer comme prévu et à la suite d’un nouveau drame, nos deux héros vont revenir sur Terre à la recherche de leur anciens alliés pour lutter une fois de plus contre leur ennemi commun Véga. La très bonne idée de cette suite, c’est de mettre plus en avant Alcor et Venusia, les amis terriens d’Actarus, et de leur apporter une grande profondeur.

Ce sont des personnages remplis de regrets. Ils se sentent inutiles et vides depuis le départ de leurs amis et surtout, ils regrettent les actions qu’ils n’ont pas faites. Des émotions que l’on ressent tous à un moment. On fait le point sur notre vie, et on pense à ce que l’on aurait pu faire différemment, à ce que l’on a abandonné, aux personnes que l’on a perdues. Il y a une certaine mélancolie qui s’installe et tout un travail que vont devoir accomplir ces deux personnages pour retrouver ce qui est important et ce qui les fait vivre.

 

Actarus le prince déchu.

 

Où en est donc notre prince Actarus ? C’est pas joyeux pour lui. On le pensait guéri mais lorsqu’on vit des épreuves traumatisantes, il est très difficile de s’en remettre et de ne pas s’enfoncer dans les ténèbres. Actarus va devoir une fois de plus affronter les conséquences de la guerre et voir tout ses efforts réduits à néant. La peur et la colère vont s’installer, ainsi que le désespoir, et vous savez tous où conduisent toutes ces émotions.

Bref, les enjeux d’Actarus dans cette histoire vont être de se pardonner et comprendre qu’il ne peut pas tout contrôler et qu’il ne peut pas être responsable de tous les malheurs qui nous frappent. Il va aussi comprendre que la peur est ce qui conduit à la haine de l’autre et donc la guerre. Comprendre et connaître son ennemi peut aider à trouver une façon plus pacifiste de vivre ensemble.

Le fond de ce Goldorak est au final plutôt positif, il parle de reconstruction de soi, d’espoir et c’est très anti-guerre. C’est une œuvre poétique qui a parfaitement compris l’œuvre dont elle s’inspire, qui en poursuit les thèmes en y apportant un regard plus moderne et poétique.

Un beau cadeau

Goldorak par Xavier Dorison et son équipe talentueuse de dessinateurs et coloristes vous offre un très bel ouvrage qui devrait faire plaisir aux fans de l‘œuvre culte, mais qui au final peut être aussi lu par des personnes qui souhaiteraient découvrir cet univers. J’ai passé un excellent moment à redécouvrir cette part de mon enfance, merci.

Retrouvez la Bd dans le catalogue de Dargaud

Retrouvez d’autres critiques de l’équipe ici

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.