New York 1931, Ian Davenport un jeune Spiritologue, assiste au meurtre de son mentor Boris Voynich. Voulant comprendre ce qui s’est passé, l’enquête de Ian le conduit sur le mystère de Tunguska. Il est accompagné dans cette folle aventure par Nell Lovelace, une journaliste sceptique. Mara nous propose au travers de Spirite, de vivre une aventure old school rempli de mystères, de poésie et d’humour. Scénariste, dessinatrice ainsi que Coloriste, Mara nous propose un style aux inspirations d’animations comme par exemple Atlantide, l’empire perdu mais nous y retrouvons aussi une atmosphère rappelant Docteur Who ou bien encore X files.
En route pour l’aventure
Spirite est une bande dessinée qui devrait fortement plaire aux amateurs d’Indiana Jones. Nos personnages voyagent à travers le monde d’indice en indice pour tenter de trouver la solution à l’énigme à laquelle ils sont confrontés. Il y a une certaine poésie dans cet univers rétro avec ses petites touches de Steampunk, c’est un univers qui a du cœur, on en ressent une certaine poésie nostalgique nous faisant penser aux histoires de notre enfance comme celles de Jules Verne.
On se prend vite au jeu de cette chasse aux trésors funèbres. L’autrice utilise habilement des références à deux grands mystères pour rendre ce monde tangible et attrayant pour le lecteur. Tunguska est une affaire qui passionne encore aujourd’hui les amateurs de surnaturel. En 1908, une explosion aussi puissante qu’une bombe atomique, ravage cette région de Sibérie. Encore de nos jours, les causes de cet incident restent mystérieuses. Quant au personnage de De Boris Voynich, son nom de famille fait référence au fameux manuscrit que personne n’a réussi à déchiffrer. Ces affaires ont suscité de nombreuses théories et fantasmes. C’est une très bonne idée de les utiliser pour planter le décor de son intrigue.
Un duo attachant
L’autre bon point de Spirite, ce sont ses personnages et surtout le duo Ian/Nell. L’un est timide, gaffeur et passionné par ses recherches, l’autre est déterminé, intelligent et courageux. Ces deux protagonistes se complètent parfaitement et s’entraident tout au long de l’histoire.
Ian fait énormément penser à Milo le héros du trop sous-estimé, Atlantide tandis que Neil rappelle fortement Dana Scully par ce côté très sceptique et méthodique. On se prend d’affection pour eux et chaque retournement de situation nous fait trembler. Ils se préoccupent des autres comme Mary, une femme pilote noire qui leur a sauvé la vie et qui se retrouve traitée comme un animal par cette société américaine des années 30.
Avoir de bons personnages c’est important dans un récit, ce sont eux qui vont permettre au lecteur de rester et de vouloir en connaître la fin. Il en va de même pour l’antagoniste. Arroway, semble un personnage complexe par sa nature ainsi que son histoire. On sent qu’il cache quelque chose de plus profond et mélancolique que la simple lutte du bien contre le mal.
Spirite
Le dernier point qui accentue encore notre coup de cœur, c’est la façon dont l’autrice parle des fantômes et de notre relation avec eux.
Mara reprend l’histoire de ce courant surnaturel avec les fameuses photos spirite qui permettaient de capturer des ectoplasmes apparaissant dans de la fumée. A la fin du 19ème siècle beaucoup de gens voulaient entrer en contact avec les morts. Les sœurs Fox en sont des figures célèbres pour avoir inventées le langage spirite permettant de pouvoir dialoguer avec les esprits.
On retrouve toute cette atmosphère mystérieuse entre croyants et charlatans. L’histoire apporte un angle supplémentaire avec cette réflexion sur l’âme ainsi que sur la nature des fantômes. Qui sont-ils ? Des âmes privées de leurs corps ? Faut-il y voir, comme dans le folklore japonais, des sentiments ayant imprimé un lieu ?
Faut-il les chasser ou les comprendre ? Un choix plutôt intéressant. Si les fantômes sont des échos d’une personne, on peut aussi le voir comme un moyen de faire son deuil. On commence par s’accrocher aux souvenirs, aux sentiments pour ensuite pouvoir laisser partir cet être aimé lorsque l’on se sent prêt. Les pièges à fantômes en sont une bonne représentation. Les garder dans une boîte c’est comme refuser de les laisser partir et d’affronter sa peine. Faire son deuil implique de comprendre sa peine et de laisser partir le défunt pour continuer à avancer.
Cette utilisation des fantômes est à la fois divertissante mais aussi spirituelle et réconfortante. Spirite est une bonne façon de parler de cette étape de la vie que nous affrontons tous.
Spirite de Mara est un vrai coup de cœur que l’on vous conseille fortement. Deux volumes sur 4 sont disponibles chez Drakoo.
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