Dans les univers comics de Marvel ou DC, la mort d’un personnage majeur émet des ondes paradoxales. La promesse d’une histoire épique, grandiose, culte, se transforme parfois en pétard mouillé. Les fans le savent, on ne meurt jamais vraiment dans les comics. Ce qui ne veut pas forcément dire que cela donne de mauvaises histoires.
2013 : Marvel Comics lance l’événement Death of Wolverine. La tactique est plutôt intéressante. « Oui, on vous annonce que le grand Wolverine va mourir. Et oui, on sait ce que vous pensez chers lecteurs ». Libéré visiblement de l’hypocrisie de la mort définitive, la curiosité l’emporte. Et si c’était quand même une bonne histoire?
« Petite » review dans l’ordre chronologique de lecture
Le début de la fin
Wolverine (2013) #5 – 12
- Scénario : Paul Cornell
- Dessins : Mirco Pierfederici, Alan Davis
- Couleurs : Andres Mossa, Matt Hollingsworth, Lee Loughtridge
Paul Cornell est aux manettes de la série éponyme et lance les hostilités à l’occasion du #5 (paru en juin 2013 aux US). L’immortel Wolverine, allié du S.H.I.E.L.D. affronte une menace virale intelligente venue du Microvers. Comme un peu trop souvent à mon goût avec ce scénariste, concept de base attrayants mais réalisation concrète pas toujours à la hauteur. En l’occurrence, des nano créatures invasives mais désireuses d’une forme de paix/cohabitation et qui se lient spécialement à Wolverine, cela semblait assez prometteur.
Finalement, ce lien n’est que peu utilisé ou explicité et elles passent vite d’une forme de vie intrigante à une menace planétaire basique. Le MacGuffin est assez gros : elles infectent Wolverine, devenu un ennemi à abattre, en le privant de son facteur auto guérisseur… un peu facile…
Heureusement, la suite est bien plus sérieuse. Cornell se pose avec ce Wolverine affaibli et prend son temps pour lui/nous faire avaler la pilule. Il travaille notamment sur les détails et les personnages secondaires, apportant ainsi du matériel intéressant au drame qui vient de se produire. Wolverine est tuable. Le rasoir sous la gorge n’a pas la même sensation, les taxis manquent de l’écraser, ses alliés se mettent à le protéger. L’auteur nous brosse un Logan aux abois, perdu et déjà le lecteur peut sentir que ce n’est pas comme d’habitude ce coup-ci. L’auteur ajoute une chape de plomb sur les épaules de ce pauvre Wolverine tout en continuant de faire avancer ces pions : les ennemis convergent déjà vers ce héros affaibli et les nano-créatures semblent sur le point d’envahir le Monde. Le niveau d’intensité et de danger explose avec ce double fil rouge étouffant !
Cornell est en terrain attendu mais ne cède pas à la facilité. Si alliés et ennemis de Wolverine apparaissent ici ou là, pas de défilé artificiel de personnages. Il continue à acculer, isoler et torturer Wolverine comme rarement le griffu aura été mis à bas. Ces ennemis intimes le blessent physiquement et moralement avec une violence inouïe dans les derniers numéros, au cours d’une nuit dans un supermarché claustrophobique à souhait. Ces derniers sont ainsi particulièrement haïssables, renvoyant aux scènes de mise à mort de Clint Eastwood dans la Trilogie du Dollar, à terre, entouré de faces grimaçantes, moqueuses, furieuses. L’auteur évite aussi la lourde introspection d’un personnage en proie au doute. Il reste simple mais efficace, jetant à Logan sa nature animale, son statut de héros, face à face avec son frère ennemi. Wolverine en sort brisé, marqué, traumatisé.
Wolverine (2014) #1-12 + annual
- Scénario : Paul Cornell + Elliot Kalan (annual)
- Dessins : Ryan Stegman, Gerrardo Sandoval, Kris Anka, Pete Woods, Salvador Larroca + Jonathan Marks (annual)
- Couleurs : David Curiel, Rachelle Rosenberg, Veronica Gandini + Jose Villarrubia (annual)
Logan est au plus bas. Les blessures sont profondes et intimes. Mais, Paul Cornell nous prend à contrepied. Son début de run est même plutôt intriguant : Wolverine semble avoir de nouveaux alliés, un nouveau statut, de nouvelles missions. Hélas, la suite sera classique et mainstream à souhait. Arch-ennemi basique, menace venue de nulle part, MacGuffins et Deus Ex Machina à gogo… le B.A.BA du comics US ennuyeux et barbant. L’écriture est trop faible (les personnages secondaires sont transparents) et facile (apparition d’un temple de la Mort, hop), ce qui fait s’écraser l’intensité et le drama mis en place dans la série précédente.
Et Wolverine dans tout cela ? Il a paradoxalement du mal à exister pleinement dans cette histoire déjà bien touffue. Passée la surprise des premières pages, ses choix restent même obscurs dans un premier temps. Scènes inutiles, longueurs et lorsque Cornell abat ses cartes aux yeux de tous, c’est désespérément classique. Le twist scénaristique expliquant le nouveau statut quo, notamment, est vu et revu. L’auteur décoche aussi la case de l’émotion hélas. Les face à face de Logan avec son ancienne vie restent plats, passages obligés sans saveur. Sa nouvelle vie n’est guère mieux car sa nouvelle « famille » peine grandement à nous intéresser.
Une lecture sans passion donc, un comble après le travail précédent. Là où l’histoire aurait dû tourner autour de Logan, c’est lui qui vient se griff…greffer sur une histoire abracadabrantesque d’orbe qui permettrait de refaçonner la réalité, tranquillou.
Cornell parvient néanmoins in extremis à insuffler de la vie dans son histoire en toute fin de volume. Le personnage de Pinch notamment, mère célibataire qui s’est amourachée du canadien, apporte enfin un peu d’émotion, mais bien bien trop tard.
Comble du comble, les couvertures, superbes par ailleurs de Steve McNiven, des derniers numéros lancent le décompte vers la mort annoncée de Logan. En tournant la dernière page de cette série, Wolverine en semble paradoxalement très éloigné #parlezvouslesgars…
De Wolverine version 2014, il reste néanmoins l’annual à sauver. Cet épisode, à part de la série principale de Cornell, est scénarisé par Elliott Kalan. Wolverine fait face à la sanguine Jubilé, ex-protégée devenue maman à temps plein. Au même titre que Shadowcat, Jubilé et Wolverine furent liés par une relation mentor/père et fille adoptive qui fit le sel des aventures des X-Men début 90. Petite Jubilation Lee a grandi. Sa jeune maturité pleine d’énergie et son tempérament vont bousculer un vieux Wolverine en proie au doute. L’auteur ajoute dans son cadre une meute de loups que Logan connaît bien. Cela fait peut-être larmoyant nostalgique mais le cadre est posé, sans fioritures, et les échanges sont suffisamment bien écrit pour être touchant…enfin.
This is the end…
Death of Wolverine #1-4
- Scénario : Charles Soule
- Dessins : Steve McNiven
- Couleurs : Justin Ponsor
Que proposer aux lecteurs pour la fin du griffu canadien ? Le dilemme est cornélien (non je n’ai pas dit Cornelius…). Franche nouveautés ? Fan service ? le mélange des deux au dosage toujours casse gueule ? Après l’étrange parenthèse Wolverine (2014), Soule prend les rênes et ramène la série dans le style 2013. Plus resserré, violent, tendu et dans le même temps moins mainstream. L’auteur persiste et signe dans le « peu original mais efficace ».
Retour aux sources absolus donc pour Logan qui se retrouve à nouveau sous le radar du programme Arme X et du fameux Dr Cornelius. Cela dit, Soule habille suffisamment cette ultime dernière aventure de Logan pour ne pas sombrer dans la redite basique (oui je sais.. ce n’est pas la dernière.. laissez moi y croire !) : un habile fil rouge de chasse de l’adamantium, des personnages obligatoires mais bien amenés et, cerise sur le gâteau, un contexte sur ce nouveau « projet Arme X ». Certes, c’est court et facile mais, c’est peut-être un détail, je déteste voir apparaître des organisations paramilitaires aussi équipées sans que l’on me dise, au moins sur une ligne de dialogue, d’où elle vient. Cela apporte quand même crédibilité et réalisme et ce n’est pas du luxe dans une mini racontant la mort d’un personnage majeur
Cette dernière est étrangement simple par ailleurs. Perturbante dans un premier temps, elle devient très vite parfaitement logique. C’est rapide, violent, brutal, mais pouvait-il en être autrement avec une liste d’ennemis aussi longue et sans facteur auto-guérisseur ? Et oui, Logan aurait pu mourir face à Thanos et son armée, seul et dernier rempart devant le Gant d’Eternité, gagnant du temps aux héros de la Terre pour mettre leur plan en route. Cela aurait été grandiose, épique, héroïque. Mais Soule présente ici un homme, simplement. Un homme qui a combattu toute sa vie son côté animal et qui à la toute fin, reçoit enfin la réponse à sa question : n’est-il vraiment qu’un tueur ?
Death of Wolverine est rapide, abrupt, trop peut être mais la proposition de Soule est honnête au final. Logan est rattrapé par ce qui l’a façonné et part en guerrier. Mais entre-temps, l’animal a évolué et l’assassin a pris une autre voie. Logan est mort sans sauver l’univers mais, quelque part, sur une victoire tout aussi belle.
The Weapon X Program #1-5
- Scénario : Charles Soule
- Dessins : Salvador Larroca, Angel Unzueta
- Couleurs : Frank D’Armata
Sans une seconde pour pleurer ce pauvre Logan, Soule prends le contrôle des restes de ce nouveau projet « Arme X » pour une origin story peu originale mais efficace. Cette définition semble devenir la marque de fabrique du travail de l’auteur par ici.
Il présente ainsi une galerie de nouveaux personnages émergeant des ruines fumantes du complexe. Le style « enforcer » années 90 s’installe dans les premières pages de cette mini, avec dialogues percutants, action débridée et pas une minute pour reprendre son souffle. Un groupe se forme, perdu et confus, devant vite se battre pour leurs vies, poursuivis par plus fort et mieux équipés. Petit à petit, Soule nous fait découvrir ses perso avec une caractérisation efficace et directe, sans plomber un rythme frénétique. L’auteur applique semble t’il la même recette : un cadre classique mais habillé pour l’occasion. Ici, un intriguant double de Logan et une voix dans la tête d’un personnage qui semble très familière.
Hélas, Charles Soule finit cette course poursuite mortelle avec le mauvais panache des séries mainstream. Cela fait partie des défauts que je me permets de lui trouver : une propension parfois à une trop grande facilité. En l’occurrence, un tout nouvel organisme ultrapuissant sorti de nulle part (et j’aime pas ça, Charles, je te l’ai dit dans le paragraphe précédent !) et quelques raccourcis bien trop bourrins dans la résolution de l’histoire. Le film de Tony Scott à la fois sur-vitaminé et humain des premières pages laisse sa place à un mauvais blockbuster qui se rappelle qu’il a un budget pharaonique à claquer dans le money time. C’était presque çà !
The Logan Legacy #1-7
- Scénario : Charles Soule, Tim Seeley, Kyle Higgins, Marguerite Bennet, Ray Fawkes, James Tynion IV
- Dessins : Olivier Nome, Ariela Kristantina, Jonathan Marks, Juan Doe, Elia Bonetti, Andy Clarke, Peter Nguyen
- Couleurs : John Kalisz, Sonia Oback, Lee Loughridge, Juan Doe, Brett Smith, Dan Brown
Comment se définit un homme ? question pompeuse à souhait certes mais ici, en l’occurrence, à ces ennemis.
Les voilà tous trop facilement réunis dans cette mini, capturés par *lire la mini The Weapon X Program* : Dents-de-Sabre, Mystique, Deathstrike, Daken et X-23 se retrouvent face à face avec l’absence criante de celui qui a écrasé leurs existences : Wolverine.
Là aussi, idée prometteuse : sans lui, leurs vies seront forcément différentes, un nouveau départ, une année zéro. Et comme souvent, le comics émiette le potentiel pour proposer du classique. Certes, cet « après » Wolverine est présenté mais de manière trop rapide et survolé pour avoir un vrai impact émotionnel. Cela dit, nous pouvons compter par ailleurs sur Laura Kinney et la série All-New Wolverine où la jeune « clone » marche officiellement sur les pas de Logan.
Pour illustrer ces propos, Charles Soule, encore lui mais pas que cette fois, utilise la classique anthologie pour présenter chaque personnage dans le monde d’après (d’où tous les monsieurs, dames artistes ci-dessus). Et comme d’hab, y a du moins bon (X-23, Dent de Sabre), du correct (Deathstrike) et du bon (Daken, Mystique). Passée cette demi-déception, je dois dire que la série fraye à la limite de l’ennui hélas. Le connaisseur, même débutant, de ces personnages n’apprendra rien de bien sensass et verra des scènes vues et revues : échanges de coups de griffes, insultes classiques, alliances et trahisons dans la foulée…et pour finir, l’arrivée d’un nouveau méchant aussi peu intéressant qu’original.
Heureusement, une idée sauve quand même la mise. Une retcon assez bourrine mais intrigante : l’existence de mots clefs dans la programmation des patients du projet Arme X. L’idée est casse gueule mais a le mérite de sortir le lecteur de sa semi torpeur, ne serait-ce que pour voir où cela mène. Heureusement, Soule n’utilise pas le concept à la va-vite mais comme un moteur du récit, lançant donc par la même la presque séduisante série Wolverines.
Le deuil
Life after Logan #1, Nightcrawler #7, Storm #4-5
- Scénario : Jeff Loveness, Joshua Fialkov, Rex Ogle, Chris Claremont, Greg Pack, Marguerite Bennett
- Dessins : Mario Del Pennico, Iban Coello, Patrick Sherberger, Todd Nauck, Victor Ibanez
- Couleurs : David Curiel, Rachelle Rosenberg, Jim Charalampidis, Ruth Redmond
Expédions vite fait ce qui pourrait fâcher : vu les conditions de la mort de Logan, je suis quand même curieux de savoir comment tout le monde a pu l’apprendre aussi vite…à moins que j’ai raté la page où *insérer le nom d’un télépathe X-Men* la capte en hurlant.
Nous voici donc dans le défilé obligé des réactions post disparition de Wolverine, ce qui ne signifie pas que c’est forcément mauvais.
Le segment avec Cyclope, le rival absolu, par exemple est à la fois sobre et particulièrement efficace. L’angle choisi, leurs rôles respectifs au sein des mutants, est intelligent et juste, parvenant à toucher et émouvoir simplement, en quelques pages.
Les segments sur Diablo, Colossus et Armor sont plus classiques mais leurs absences auraient été étranges il faut avouer. Le fond est attendu mais il fait le taff honorablement. Le lecteur peut retrouver Diablo (Nightcrawler en vo ^^) dans sa série éponyme, au numéro #7. Le ton est le même, sobre mais efficace. Néanmoins Bennett et Claremont ont plus de place pour développer une émotion sincère, à la hauteur d’une amitié forgée dans le sang et l’adamantium, comme cette grande famille des X-Men peut en connaître.
Pour une autre figure importante de la vie de Logan, il faut se tourner vers la série Storm. Après un début où l’émotion brute déborde la maîtresse des éléments (et le lecteur il faut dire), le ton change. Pas de passages larmoyants cette fois mais une aventure digne du guerrier Logan où Tornade (Storm en vo ^^) doit le remplacer dans une situation borderline. L’occasion pour la mutante de se questionner sur qui était vraiment son ami/amant, et si elle le connaissait si bien. Une nouvelle fois, si l’idée est prometteuse, la réponse reste attendue. Le rythme est ralenti par des passages très mainstream et inutile. Un seul numéro aurait suffi.
Wolverine and the X-Men (2014) #10-11
- Scénario : Jason Latour
- Dessins : un max d’artistes
- Couleurs : idem « Dessins »
La réouverture de l’école pour mutants est peut-être l’œuvre d’une vie pour Logan. Passer d’assassin bestial à professeur et protecteur le prouve. D’autant que ce rôle était auparavant tenu par des hommes avec lesquels Logan a eu des relations… conflictuelles. Le symbole est d’autant plus puissant.
La série rends ainsi globalement un bel hommage par l’intermédiaire d’une journaliste chargée d’écrire un livre sur le héros Wolverine. L’idée est facile mais permet d’enchaîner sans artifices une galerie de personnages liés récemment à Logan et à cette aventure qu’est l’Ecole d’Enseignement Supérieur Jean Grey. Est salué donc le rôle de mentor, de guide, de personne de confiance, un vrai accomplissement pour Wolverine aux vues de sa vie passée. Et même si c’est toujours un plaisir de passer les portes de cette école où presque tout peut arriver, il manque un soupçon d’émotion pour que le récit nous fasse tirer la larmichette. Le personnage fil rouge de la journaliste est une quasi parfaite inconnue, ce qui n’aide pas l’immersion, et les réactions çà et là sont sincères mais sans surprises ou originalité dans leurs présentations. Si, une nouvelle fois, nous ne pouvions nous attendez vraiment à autre chose, la mise en scène reste dans l’ensemble trop plate hélas…même si Quentin Quire n’est jamais loin pour débrider les situations trop sérieuses.
Deadpool & Captain America
- Scénario : Gerry Duggan
- Dessins : Scott Kollins
- Couleurs : Veronica Gandini
Et si c’étaient ses frères du projet Arme X qui nous apportait le plus d’émotion ? Deadpool et Captain America se retrouvent à leur tour pour faire leur deuil…à leur manière. Le pragmatique Rogers le pleure intérieurement tout en faisant ce qu’il faut pour que la mort de son ami ne serve pas à un archivillain lambda et Deadpool… l’aide…même si… enfin…il essaie quand même…
Bref, un petit one-shot très bien équilibré entre action, émotion et fun, tout en se payant l’honneur d’aborder la question à laquelle tout le monde pense : doit-on le faire revenir ? La réponse est peut être imparfaite mais apporte matière et sérieux à la mort de Logan. Subtil, court, mais efficace.
A la vue de ce monde sans Logan, je reste perplexe devant sa gestion éditoriale. Wolverine est un membre majeur de la famille des X-Men. Et même si nous ne sommes pas naïfs, sa mort reste un moment important. Je salue au passage d’une part l’effort général de Marvel Comics pour la mettre en image de façon aussi ambitieuse (d’autres personnages n’ont pas eu cette chance), d’autre part pour essayer globalement de la rendre crédible. Ici ou là, le lecteur peut ainsi noter des références au fait que Logan ne doit pas et ne peut pas revenir (t’as compris Wade ?).
Néanmoins, les réactions de sa famille restent maladroitement présentées aux lecteurs selon moi. Des one shots d’une part, des incrustations dans des séries d’autre part. Les séries Uncanny X-Men et X-Men, forces de frappe majeures des comics estampillés X, n’ont pas été impactées. Sans aller jusqu’à artificiellement stopper les histoires en cours, une organisation éditoriale plus…sérieuse…aurait pu permettre à cette famille de vivre son deuil pleinement, et accompagner le lecteur.
Wolverines #1-20
- Scénario : Charles Soule, Ray Fawkes
- Dessins : Nick Bradshaw, Alisson Borges, Juan Doe, Ariela Kristantina, Jonathan Marks and co
- Couleurs : FCO Plascencia, Israel Silva, Brett Smith, Juan Doe, Sonia Oback, Lee Loughridge and co
Charles Soule serait-il un diesel. Au même titre que sa série Star Wars Poe Dameron, il lui faut une paire de dizaines de numéros pour démarrer la machine (moué.. ça fait beaucoup quand même…). En tout cas, le début de cette série est particulièrement solide et ambitieux. Il re-sacralise le cadavre de Logan, et l’homme par la même, et ajoute un des pires ennemis des X-Men en le traitant avec le plus grand sérieux, ce qui le rends d’autant plus…. sinistre. Cela donne d’entrée de jeu une histoire intense et prenante où les prédateurs deviennent ce qu’ils détestent le plus au monde : des proies fragiles et faibles.
Ray Fawkes prend les rênes ensuite pour une écriture presque à quatre mains avec Soule. La série s’éloigne un peu hélas de ces débuts pour donner un potpourri hétérogène mais… pas forcément mauvais. Ce groupe foutraque, composé des ennemis de Logan et des derniers membres du projet Arme X, doit subir les assauts très fun de Fang, le pote de Logan de la Garde Impériale Shi’Ars, puis subir le plan ultra machiavélique de Mystique. C’est bordélique à souhait mais étrangement divertissant, avec un rythme soutenu et mine de rien, le tout tient presque la route. Nous pouvons regretter une gestion des personnages très basique hélas. Pourtant, entre Dents-de-Sabre, X-23, Daken, Mystique, Deathstrike et les petits nouveaux, plus quelques têtes connues, le potentiel était là. Mais ces personnages pourtant forts, puissamment caractérisés par leurs passés et les liens entre eux, ne font que subir l’histoire sans révolte, au lieu de voler la caméra. Ce que parvient néanmoins parfaitement à faire un Deadpool déchainé comme rarement le temps d’un épisode hilarant.
Back in black
Hunt for Wolverine #1
- Scénario : Charles Soule
- Dessins : David Marquez, Paolo Siqueira
- Couleurs : Rachelle Rosenberg, Ruth Redmond
Marvel Comics et l’un des architectes de l’event, Charles Soule, ne nous ont jamais vraiment menti : Wolverine pouvait-il réellement rester mort ?
Ce numéro lance donc le retour du griffu de manière classique mais efficace (je l’ai déjà écrit ça non ?). Et même avec un grand sérieux comme le montre les premières pages et le retour de Reavers en forme. Malgré le faible volume de lecture, le plot enchaîne action musclée et révélations en cascade pour lancer la chasse au glouton à travers le Marvel Universe. Ce dernier ayant coquinement quitté sa tombe, 3 équipes se lancent à sa poursuite. C’est cohérent et même plutôt excitant il faut avouer. Les mystères s’accumulent, de même que les promesses d’histoires badass de super héros à venir, avec en fond, ne l’oublions pas, le retour de Logan lui-même. Et si l’originalité ne sera sans doute pas toujours là, parions sur une belle distractions toute comicsesque.
Hunt for Wolverine : Adamantium Agenda #1-4
- Scénario : Tom Taylor
- Dessins : R.B. Silva
- Couleurs : Jesus Arbutov, Guru EFX
Fan des Avengers de Bendis, ceci est cadeau. Stark reforme les New Avengers le temps de la traque de l’un des leurs : il devait bien cela à leur buveur de bières taciturne (le buveur, pas la bière). Tom Taylor reprend le style Bendis pour l’occasion, une action non-stop à laquelle il ajoute une nostalgie intelligemment utilisée. Sa gestion des personnages est efficace, punchlines fun, flashbacks habiles, tout comme au bon vieux temps. Malgré un rythme soutenu, Taylor prend le temps de raccrocher son récit à l’évènement et même d’apporter quelques révélations prometteuses. Juste cool en fait.
Hunt for Wolverine : Claws of a Killer #1-4
- Scénario : Mariko Tamaki
- Dessins : Butch Guice
- Couleurs : Dan Brown, Jordan Boyd
Retour des meilleurs ennemis de Wolverine pour une association bancale. L’information ayant fuitée des Reavers vers Deathstrike, cette dernière en appelle à la haine commune de Daken et Dents-de-Sabre pour remettre Logan dans sa tombe. La piste les mène dans une petite ville isolée pour un récit entre mystères et, bien sûr, violence. Une terrible expérience romeroesque, à laquelle Logan aurait participé pousse le trio à sortir les griffes. Action, action mais pas que car des pièces du puzzle commencent à se montrer. Si le tout est presque intriguant et se lit rapidement la caractérisation des personnages restent, une nouvelle fois, le parent pauvre de l’histoire. Les échanges se résument à la sempiternelle mesure de celui qui a la plus grosse griffe et cela donne des scènes inutiles et lourdes. Du coup, la révélation, pourtant tonitruante, de la fin du #3 n’a pas l’impact escompté. Mariko Tamaki présente ainsi une histoire assez intrigante mais plombée çà et là par des longueurs et des personnages trop clichés, manquant de peu une lecture badass à souhait.
Hunt for Wolverine : Mystery in Madripoor #1-4
- Scénario : Jim Zub
- Dessins : Thony Silas
- Couleurs : Felipe Sobreiro
Une équipe de X-Women débarque dans l’inquiétante Madripoor où Patch aurait été entrevu (Logan période asiatique). Pour y survivre, pas d’autres choix qu’adopter le mode de vie local, entre caniveaux où coule le sang et établissements d’un luxe absolu. Ça donne non ? … et ben non hélas. Outre un apport à l’évènement trop obscur, le récit est surtout une histoire bourrine avec une palanquée de nouveaux personnages clichés comics. Le déroulé de l’histoire est également un déjà vu et revu avec baston classique, retournements de situations et cliffhangers hautement prévisibles. Les personnages sont même parfois visuellement confondables et les facilités scénaristiques sont légions. Même ce qui arrive à la charismatique Psylocke peine du coup à faire lever un sourcil. Le comics de super-héros a ses règles, bien entendu, et c’est le talent au scénario qui les tords, les module voir parfois, s’en affranchis. Hélas, Jim Zub ici les suit trop à la lettre et livre un cliché de A à Z trop peu intéressant pour être à notifier.
Hunt for Wolverine : Weapon lost #1-4
- Scénario : Charles Soule
- Dessins : Matteo Buffagni
- Couleurs : Jim Charalampidis
Au tour de Daredevil et d’un groupe composé de Misty Knight, Cypher et de l’inhumain Frank McGee de chasser Wolvie. A la demande de la X-Woman Kitty Pryde, Daredevil apporte son œil extérieur et mène son groupe dans une cabane isolée au Canada, puis dans les bureaux d’une multinationale trop discrète. Charles Soule gère plutôt bien ces personnages pour le coup. Le premier numéro de présentation semble de trop mais permet finalement de lancer un récit rythmé sur les 3 suivants. La gestion du mutant Cypher notamment est intelligente et dosée, apportant au récit sans l’alourdir, on aimerait voir cela plus souvent.
Autre point positif, le scénariste n’utilise pas ces haïssables raccourcis scénaristiques, trop présents par ailleurs. Ici, les McGuffins se tiennent, que cela soit la tech des Inhumains ou les pouvoirs de Cypher. Cela reste cohérent. Il distille ainsi une histoire assez sombre avec efficacité et de bons personnages. La partie cabane, traqués par un prédateur griffu est particulièrement recommandable. A noter néanmoins sa gestion trop lourde de Daredevil en narrateur du récit. Le super-héros étant avant tout un perso sensoriel, l’auteur se lance trop souvent dans de longues descriptions écrites de sa manière de percevoir le monde et les situations, ce qui est presque antinomique. Cela dit, Weapon Lost reste sans doute le meilleur des quatre récits, même si Charles Soule se montre trop bavard… et si vous avez pensez « oué parfois Charles Soule nous saoule » sachez que vous avez perdu votre droit de lire la suite de la review !
Hunt for Wolverine : Dead ends #1
- Scénario : Charles Soule
- Dessins : Ramon Rosanas
- Couleurs : Guru EFX
Je n’ai pas toujours été tendre avec Charles Soule depuis le début. Quelques habitudes du monsieur m’hérisse le poil parfois. L’une d’elle, une gestion trop artificielle des perso, a visiblement été corrigé dans Weapon Lost et son groupe hétérogène mais efficacement présenté. Dans Dead Ends, ce n’est pas une mais deux faiblesses que Soule corrige !
Nouveau méchant qui « pop » devant nos yeux ébahis et nouvelle organisation ennemie. Mais cette fois-ci, rien qui ne sorte de terre par magie en deux minutes. Soteira, l’organisation en question, est sur les lèvres de tous les chasseurs de Wolverine, et sa cheffe fait ici une apparition percutante. Les pièces du puzzle éparpillés dans les séries « Hunt for Wolverine » s’assemblent en partie devant les X-Men. Logan retrouvé, mais Logan toujours pas ramené. Et si le nouveau statut quo de ce dernier n’est pas original, le tout est emballé avec sérieux et intensité. Les X-Men se trouvent à un croisement dans un numéro bien équilibré entre révélation et action et qui lance parfaitement la fin.
Return of Wolverine #1-5
- Scénario : Charles Soule
- Dessins : Steve McNiven, Declan Shalvey
- Couleurs : Laura Martin
Nous y voilà les amis, 83 numéros US (si si j’ai compté) entre la fin du facteur guérisseur de Wolverine qui entrainera sa mort et cette série. Et ce coquin de Charles Soule continue de me contredire avec une intro diablement efficace et un minimum de dialogues. Wolverine se réveille dans un labo détruit jonché de cadavre (bon ok, on n’est toujours pas dans le top original…). Par lui, le lecteur voit s’assembler quelques pièces supplémentaires du puzzle et découvre plus en détails des ennemis particulièrement détestables, et ça, c’est cool, car on les imagine déjà bien tailladés et découpés !
Nous n’en sommes pas là. Wolverine semble psychologiquement instable, pas totalement amnésique, pas totalement lui-même avec une psyché fragmentée. Si cet aspect est déjà vu (Coucou Legion) et peu subtil, il enrichit habilement la narration. Ce n’est qu’une question de temps avant que Wolverine ne se dresse devant l’architecte de son retour et du chaos qui en suivit. Il faut néanmoins attendre quelques bons coups de griffes, sur des ennemis… et des amis pour arriver à l’ultime ligne droite de l’event.
Et là…c’est le drame il faut avouer. Dire qu’éditorialement, les auteurs ont eu du temps et de la matière pour préparer ce pinacle est un euphémisme. Et pourtant, nous voilà face à une méchante granguignolesque digne des pires Bad Guys mégalomaniaques de James Bond. L’explication du plan du méchant puissant au gentil que l’on croît abattu est tellement déjà vu que je me refuse de commenter plus en avant. Mais c’est l’avalanche de raccourcis scénaristiques, d’oublis et de trous qui est le plus dur. Comment la Villaine a pu savoir où était son corps alors que les X-Men ont clairement expliqué que c’était un secret absolu ? comment Wolverine a-t-il pu s’affranchir de son contrôle ? comment a-t-elle pu, vu son pouvoir, atteindre Logan dans sa tête ? Et après en avoir parler à 4 reprises, vous n’allez vraiment pas nous expliquer pourquoi il a les griffes en feu ?
La liste est encore longue, de même que les bidouilles du scénario : Logan qui se fait des alliés en un clin d’œil, des choix attendus sans surprise amené pourtant à grands coups de tambour, une organisation immense qui est passé sous le radar de tous (j’avais dit que j’aimais pas ça !)… Tout ceci est vraiment, vraiment trop facile. Une histoire bête et basique avec un méchant lambda.
Et je vais me permettre d’en rajouter une petite couche sur la fin, car visiblement, pour la connaître totalement, il faut aller se farcir le crossover Infinity Watch. Après avoir lu d’intenses histoires de deuil, les retrouvailles attendues depuis la première page ne se font pas dans ce récit. L’émotion promise n’est donc pas là, pas de larmes de joies, pas d’embrassades chaleureuses, pas de grand retour épique à faire frémir les alliés et trembler les ennemis. Moi qui attendait que Dents-de-Sabre paye pour ce qu’il a fait au tout début, autant dire que je n’ai plus de mots… et cela n’arrive pas souvent.
Death of Wolverine se doit d’être jugé dans son contexte. Piégée, comme bien d’autres histoires, dans un carcan de comics mainstream, difficile pour les auteurs de proposer un spectacle débridé et libre. A ce titre, cet évènement semble donc coincer juste avant Infinity Watch avec une fin qui fait grincer les dents. D’ailleurs, les titres Marvel Legacy #1 et Infinity Countdown #1 se trouvent dans les listes de lecture trouvables sur le net. Vous pouvez les oublier, ils n’ont aucun lien avec la mort, puis le retour de Logan.
Toutes mes excuses auprès des artistes chargés de mettre en image cet événement. Leur absence dans cette review n’avait que pour but de ne pas trop alourdir sa lecture. Dans l’ensemble, il y a du très bon, du très correct et assez peu de passable. Les styles diffèrent notablement, ce qui apporte une sensation de grand événement, touchant de nombreux lieux, personnages, temporalités…Ils sont souvent au diapason des scénaristes et parsèment ça et là l’histoire de cases mémorables il faut avouer. Bravo à eux.
Il faut avouer une ambition rarement vue en comics pour raconter la mort, puis la résurrection d’un personnage majeur. D’ailleurs, les auteurs en jouent constamment, décrivant les efforts des uns pour que Wolverine repose définitivement en paix, tout en ne voilant pas la face du lecteur. Cette honnêteté est à notifier. Malgré quelques bons moments de comics, cet événement reste donc, à mon goût, à conseiller avant tout au complétiste de l’Univers Marvel. Celui qui a déjà lu et qui ne connaît que trop ce carcan. Certains auteurs arrivent à en faire des merveilles et d’autres s’y perdent. Charles Soule et ses comparses à l’écriture ont trop souvent fait du… wait for it… simple mais efficace. Très peu de surprises au final et quelques gros ratés parsèment une lecture 100% comics pas totalement désagréable. Le goût dans la bouche reste néanmoins amer : ce carcan est quand même bien pénible à manœuvrer et cette sensation de n’être pas passé si loin d’un bon comics de super héros.
Ah oui, et y a cette fin de %£ !#&…
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[…] de cette gentille hypocrisie (au même titre que Death of Wolverine oooooh le placement de produit !), Bendis peut dérouler son récit sur pas moins de 16 numéros […]