Sanctum Comicsum : X-Men par Jonathan Hickman – part 4 : Inferno

Environ 210 numéros US entre la fin de HoX/PoX et ce très attendu épilogue. Plus de 5 500 pages… imaginez donc ma surprise, dans l’introduction d’Inferno, de voir les mutants en guerre ouverte avec l’organisation pro-humaine Orchis. Et là, ce personnage de l’équipe d’X-Force, pourquoi je ne l’ai pas vu avant?! Et ces escarmouches entre les deux camps que l’on me résume, pourquoi me sont elles totalement étrangères??

Il me faut donc une dizaine de pages pour réaliser que les milliers d’autres que j’ai lu jusque là n’auront que très peu d’impact ici. Jonathan Hickman reprend son fil rouge autour de xxxxx avec son habituelle narration éclatée. Passé l’étrange sentiment de sortir d’une simple parenthèse avec Dawn of X/ Reign of X, il faut avouer qu’Hickman reprends efficacement son jouet.

 

Les pêchers des Pères

Si cette petite mini série de 4 numéros US ne clôture pas totalement « l’ère Hickman », elle plante une étape importante. Après des mois d’unité, les secrets des pères fondateurs font finalement voler en éclat le rêve. La forteresse mutante se fissure, tremble, menace d’imploser mais finit par retrouver un équilibre particulièrement précaire. L’auteur parvient ainsi à surprendre. Certes les sempiternelles bastons et affrontements se glissent dans son histoire mais le cœur reste un drame huma.. pardon mutant… des plus intenses. L’espoir de retrouver un amour perdu, se battre pour conserver ce qui a été chèrement acquis, franchir certaines limites, affronter les siens… Hick’ récupère les graines qu’il a semé dans HoX/PoX (et un peu dans la série X-Men) et retrouve son plan.

Il n’épargne absolument personne et n’hésite pas à faire payer le prix lourd à certains de ses acteurs. Les pages finales, bien loin du climax vu et revu, se trouvent dépeindre une réunion glaciale, sans aucune paroles, mais des postures et des promesses de lendemains difficiles.

La dichotomie avec le reste de la production comics estampillée X est ainsi particulièrement notable. La quasi absence de réel lien concret entre cette dernière et le plan d’Hickman laisse un goût amer dans la lecture : la sensation que Marvel Comics s’est servi de Jonathan Hickman, avec son consentement éclairé sans doute, pour relancer tout un pan de son catalogue moribond et en perdition.

 

Qu’on lui coupe la tête !

L’accusation peut sembler dure, M. le procureur, mais j’ai des arguments :

  • Quasiment aucune conséquence majeure d’HoX/PoX dans les séries annexes pendant Dawn of X. Au contraire, celles ci partent vite dans toutes les directions pour occuper le plus d’espace possible. Certes les différents auteurs utilisent les nouveaux outils mis en place par Hickman, mais le niveau d’ambition est systématiquement inférieur.
  • Les premières pages d’Inferno sont tristement parlantes : Hickman se doit de nous expliquer que mutants et Orchis se rendent coup pour coup depuis des mois… car ceci ne se trouve quasiment pas dans les 5 500 pages qui ont précédées. De plus, mis à part quelques miettes, très peu de matière venant de Dawn/Reign of X parsèment les pages d’Inferno. Hickman continue donc simplement sur sa lancée après un bond au dessus de ces périodes.
  • Cet épilogue, tout satisfaisant dramatiquement qu’il est par ailleurs, n’est donc qu’une étape. Suite à Inferno, certaines séries X continuent, d’autres profitent de l’évènement pour se lancer et une 3ème catégorie nait des cendres de séries arrêtées. Éditorialement, cela ressemble à une gigantesque plate-forme de lancement. La preuve en est avec les débuts de la série X-Men de Gerry Duggan qui fait suite à Inferno : après des mois d’un rejet viscéral de l’Humanité, Cyclope décide de monter une équipe pour la défendre (sic). Ils s’installent sans ménagement en plein Central Park, sans la moindre réaction par ailleurs, si ce n’est celle d’un journaliste un peu fouineur. Heureusement, une menace cosmique bas du front attaque, au hasard, New York et les X-Men peuvent passer pour des héros en la repoussant (et rasant un quartier). Du bon gros retour très peu subtil au comics de Super Héros bien basique, même si très joli. A croire que les mutants d’Hickman était trop bizarres pour que leurs homologues 3D puissent intégrer la phase V ou VI de M. Feige.

Je laisse maintenant la place à l’avocat de la défense des mutants… estimé collègue, à vous :

 

 

Ok bon, laissez tomber, je vais le faire aussi…

 

Love & Hate

Certes, la dichotomie entre les idées assez folles d’Hickman et leurs utilisations, plutôt plates par ailleurs, est notable. Mais avouons aussi que le contexte et le cadre Marvel Comics ne permet sans doute pas à des visionnaires comme Jonathan d’être totalement libres. Il faut avouer qu’il est quand même parvenu à dynamiter une franchise en parfaite décélération, tout en utilisant habilement ses bases. House of X et Power of X resteront indéniablement dans les mémoires, en bon ou mauvais souvenirs. Les nouveaux jouets qu’il a mis à disposition des scénaristes à venir forment un bac à sable riche au potentiel certain.

Dans l’ensemble, le vieux fan que je suis a quand même pris du plaisir à la découverte de cette version des X-Men par Hickman. La satisfaction de partir en voyage avec de vieux amis reste délectable. Et si la proposition globale ne m’a personnellement pas totalement séduite, il faut y reconnaître de l’ambition et un travail très sérieux. Ce fut quand même un voyage riche en émotions en tout genre, il faut avouer.

Il en reste une dernière d’ailleurs et nous avons obligation d’en parler. Vous souvenez vous de cette « sensation acide à la vue des X-Men repliés sur eux même, sur la défensive, avec un fonctionnement plus proche de la secte que de la famille », ou bien de « Quelque chose ne tourne pas rond chez mes X-Men, mais je vais devoir m’armer de patience pour en avoir le fin mot…s’il y en a un » (si oui, c’est que déjà vous avez lu les reviews précédentes et que vous vous en souvenez : merci de tout cœur!!).

Ô douleur infinie, il se trouve donc qu’il n’y avait pas de plan majeur concernant ce pan de l’œuvre d’Hickman. Ces mutants sont donc tout simplement souvent détestables! Arrogants, pédants, sectaires, communautaristes, agressifs… le spectacle d’Emma Frost au cours du Hellfire Gala est une parfaite image : à la limite du supportable, faisant preuve d’une condescendance irritante et d’une immaturité dangereuse.

Jonathan Hickman est-il allé trop loin pour le Marvel Universe? Marvel Comics n’a t’il pas su capitaliser sur la dynamite proposée par un auteur qu’ils savaient pourtant capable de tout? Le contrat de mariage entre un des auteurs les plus inventifs et l’un des éditeur les plus sclérosés a finalement semblé bénéfique aux deux : Le premier s’est bien amusé avec des jouets qu’il a reconstruit, et le second en a profité pour en sortir des lignes dans les magasins. Si la logique éditoriale US a été bousculée mais respectée, difficile de ne pas grincer des dents devant tant de concepts effleurés simplement du doigt. Mais peut être était-ce là le biais d’une vision européenne d’un produit typiquement outre atlantique?

Je n’ai aucune réponse à toutes ces questions! Vous vous attendiez à quoi? je suis juste un reviewer comme il y en a des milliers, critiquant sans avoir le savoir faire de ceux que je critique. En plus, j’ai été « aidé » par le pire d’entre nous. Allez M. Pool, ne foire pas tes derniers mots.

Inutile jusqu’au bout …

 

Lecture pour la préparation de cet article : Inferno #1-4 via Marvel Unlimited

X-Men par Jonathan Hickman – part 1 : House of X / Power of X

X-Men par Jonathan Hickman – part 2 : Dawn of X / Reign of X – review générale

X-Men par Jonathan Hickman – part 3 : Les X-Titres

Retrouvez les articles de Matthieu ici

1 commentaire
  1. […] La dernière partie du dossier de Matthieu sur les X-men vu par Hickman est disponible: https://jamesetfaye.fr/inferno/ […]

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