Sanctum Comicsum : X-Men par Jonathan Hickman – part 1 : HoX PoX

Moment « souvenirs » (c’est ma review, j’ai le droit!) : il y a 30 ans, Chris Claremont et Jim Lee présentent à mes jeunes yeux ébahis un groupe de mutants, haïs par le reste du Monde mais qui se battent pour y gagner leurs places. Autour du leader Xavier, le fidèle Cyclope, l’incontrôlable Wolverine, la douce Jean, la volcanique Malicia, la fougueuse Jubilé, le calme Colossus et bien d’autres. Très vite, ils se retrouvent sur le front face à Magneto et ses acolytes, subissent les assauts du mortel Omega Red, découvrent que Gambit est marié, que les Broods ont envahit la Nouvelle Orléans, voient arriver du futur l’intriguant Bishop

Que d’aventures, mes amis ! Et ce n’était que le début ! Suivirent le Chant du Bourreau de Cable, l’invasion Phalanx, l’Ere d’Apocalypse, l’horreur Onslaught, Bastion le terrible, « Plus de mutants », L’Ecole Jean Grey, l’arrivée du Messie…Le lecteur assidu a souvent frémi, ri, sauter de joie et écraser une larmichette devant les histoires de cette famille haute en couleur !

Hélas, le temps reste l’ennemi de la passion. Au fil des années et des pages, l’émotion faiblit. Les années 2000 puis 2010 ne sont pas tendres. On ne se comprends plus parfois, on se retrouve avec moins d’ardeur. Oh les sentiments sont toujours là mais la flamme peine à briller comme au premier jour. Et finalement, quelque part en 2017, après une énième histoire sans relief entre X-Men et Inhumains, la séparation est inéluctable.

Tel le Phenix…

Mais le feu ne s’éteint jamais vraiment totalement, une petite étincelle persistera toujours. Et le feu, les X-Men adorent. Cette étincelle, peut être Jubilé pourrait la récupérer, la transmettre à Firestar qui s’embrasera avant de la glisser à Sunfire pour atteindre ce grand oiseau cosmique, symbole de renaissance…2020, France, en librairie : Jonathan Hickman prends les rênes de la famille X. Il a un plan, une vision, les pleins pouvoirs sur une franchise moribonde depuis trop longtemps. Impossible pour le lecteur de bouder son plaisir devant une telle ambition. Le sourire aux lèvres et un délicieux goût de nostalgie à la bouche, voici que se découvrent devant des yeux (un peu) ridés mais à nouveaux ébahis les premières pages de House of X !

Le début de cette nouvelle aventure est à la fois simple et intriguant. Des hommes et femmes adultes naissent de cellules-œufs végétales devant un Xavier transhumaniste qui les appelle X-Men. Deux pages, deux milles questions, pas de doute, c’est du Jonathan Hickman.

Peu après, c’est par la bouche de Cypher que nous sommes prévenus : « Le professeur X a changé toutes les vieilles règles et nous sommes entrés dans un nouveau monde ». Bienvenue chez les X-Men 3.0 : amis et ennemis unis enfin au sein de l’omnipotente nation mutante Krakoa, menés par un Xavier en passe de réaliser son rêve de cohabitation pacifique avec l’Homo Sapiens. Après tant d’années de persécution, de haine et de morts qui les hantent chaque nuit, les mutants sont enfin aux portes de la paix.

Ce nouveau statut quo proposé par Hickman n’est pas le premier. Le lecteur historique se souvient des anciennes tentatives des mutants pour être respectés et acceptés : Genosha, la X-Corp, l’astéroïde M, San Francisco, le District X, l’équipe Avengers/X-Men… Pourquoi cela pourrait-il enfin fonctionner cette fois-ci ?

Un petit pas pour le mutant…

Car rarement les mutants auront montré une telle démonstration d’unité et de puissance. Krakoa leur procure un pays-sanctuaire inviolable où Xavier a pu réunir les X-Men mais pas que. Magneto, les Acolytes, Apocalypse, Sinistre, le Club des Damnés et bien d’autres (non, pas Deadpool, faut pas déconner…). Hickman semble, dans les premières pages, lâcher tout le potentiel du gène X, comme si les mutants se freinaient depuis tout ce temps : communication, technologie, force de frappe…une alliance inédite du leadership de Cyclope, les pouvoirs de Magneto, les esprits de Xavier, Jean et Emma, les capacités de Hope et Black Tom Cassidy, la puissance du Club de Sebastian Shaw, les talents de Forge, Sage, Cypher, du Fauve… Tremble Univers Marvel, les X-Men sont de retour et les choses ne seront plus jamais comme avant.

Et ils ont appris de leurs erreurs semble t’il. Certes la main vers le reste de l’Humanité est à nouveau tendue. Mais qu’elle ne s’y trompe pas, c’est dans un gant d’Adamantium cette fois-ci. Les mutants se révèlent ainsi au Monde avec des présents inestimables, mais en échange d’une reconnaissance qui ne semble pas négociable. A la limite de la provocation, Magneto explique ainsi aux émissaires internationaux leur intérêt tout particulier à devenir les alliés de la nouvelle nation mutante. La tension des échanges et l’ambiance lourde et grave achèvent le passage du message : que cela plaise ou non, les mutants sont de nouveaux acteurs majeurs du grand ordre mondial.

Cette fois-ci semble donc bien différente, d’autant que Jonathan Hickman y met les formes. L’auteur est connu pour ces histoires à tiroirs et sa narration dense et tentaculaire. Ses X-Men n’y échappent pas. Partant de la réécriture massive et jouissive de l’un des personnages piliers de la franchise, il multiplie flashbacks, flashforwards, futur potentiel, récits parallèles.

Jouant habilement entre les deux séries sœurs, House of X et Power of X, il amène ses personnages, et le lecteur, dans ce voyage où l’ambition narrative promet une dimension épique et grandiose. Hickman a cependant pitié de nos neurones et dispose ça et là des « notes » permettant petit à petit d’assembler les pièces du puzzle. Les 10 « nouvelles » vies de xxxxx sont notamment un moteur important et passionnant de ce nouveau départ.

Ce dernier conserve néanmoins l’essence X et le connaisseur s’y retrouvera avec délectation : le rêve, la famille, la survie du plus fort, l’alliance Homme/Machine, le futur apocalyptique, le cosmique…les piliers sont là, présentés aux anciens lecteurs comme aux nouveaux si, il faut avouer, ils tolèrent une accumulation d’informations/personnages qui reste impressionnante, dispatchés ça et là dans un récit complexe.

Le soleil se lève t’il enfin sur l’avenir de la Mutanité ?

Quand tu regardes l’abîme, l’abîme te regarde.

Rien de moins sûr bien entendu. Déjà, dans le secret, une fraction conservatrice de l’Humanité refuse ce nouveau statu quo et de terribles plans se mettent en branle, promettant un futur infernal aux mutants. C’est l’occasion de saluer le talent du scénariste qui apporte beaucoup de matières et un contexte très impressionnant jusque là. Ce travail « de l’ombre » solidifie la base de son récit, lui apportant une dimension grandiose et, n’ayons pas peur de l’écrire, épique !

Mais est-ce tout ? d’anciens ennemis qui aiguisent leurs armes ?

« Le spider-sense » du vieux lecteur s’est quand même mis à buzzer à de nombreux reprises. Qu’il est étrange en effet de voir une telle unité chez les mutants. Certes, leur terrible histoire commune et les traumatismes vécus sont des raisons valables pour un positionnement plus dur. Néanmoins, au fil des pages, le ciel s’obscurcit étrangement et une sensation curieusement malsaine fait son apparition …Cyclope arbore un inquiétant sourire de façade face à des alliés, la flamboyante Jean Grey semble très docile, le Fauve très compréhensif, Xavier lui-même à des mots très dur envers cette Humanité qu’il veut pourtant protéger…

Et ce n’est pas tout. Le nouveau credo de la mutanité « Un peuple, une tribu, une famille » semble agressif, isolationniste, au même titre que la création du krakoan, nouvelle langue officielle. Et que dire de cette scène où lors d’une cérémonie trop codifiée des centaines de mutants célèbrent le retour des siens avec une intense ferveur toute… religieuse.

Quelque chose ne tourne pas rond chez mes X-Men, mais je vais devoir m’armer de patience pour en avoir le fin mot…s’il y en a un.

 

Lecture pour la préparation de cette review : House of X / Power of X 1 à 4 édités chez Panini Comics

X-Men par Jonathan Hickman – part 2 : Dawn of X / Reign of X – review générale

X-Men par Jonathan Hickman – part 3 : Les X-Titres

X-Men par Jonathan Hickman – part 4 : Inferno

Retrouvez les articles de Matthieu ici

5 commentaires
  1. VetM NoX dit

    Comme toi je reste émerveillé mais dubitatif à la fois après le virage pris par Hickman. Si on m’avait un jour que l’idéal de Magnéto serait propulsé vers la victoire par … Xavier, je ne l’aurais jamais cru. Des années a vouloir combattre magnéto pour que Humain et Mutants vivent ensemble qui débouchent sur la séparation pure et simple des 2 entités. Humains et mutants chacun de son coté. Ils ont leur règles, leur royaume, leur propres sécurité et justice … TOUT ce que voulais Magneto ( le grand antagoniste). Difficile a admettre pour le vieux lecteur de comics que je suis. C’est comme si batman livré une partie de Gotham au Jocker.

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  5. Antoine L dit

    Ce récit est à mon sens une insulte aux X MEN pensé par Stan Lee
    Des XMEN à l’idéal pervertie par un Charles Xavier qui bafoue ses propres principes pour épouser la cause de Magnéto et même d’Apocalypse des héros faisant alliance avec monsieur sinistre l’un des pires monstres de l’univers Marvel
    Une honte absolue
    Et si vous voulez la preuve ultime que ce récit est une trahison à Stan Lee
    Pourquoi croyez vous que marvel et Hickman ont attendue le décès de Stan Lee pour sortir leurs etrons fumant

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