Suite à HoX/PoX, une myriade de titres estampillés X sont édités et regroupés sous le sigle Dawn of X. Cette nouvelle ère, qui durera quelques mois, amènera les lecteurs vers le 1er grand évènement de l’ère Jonathan Hickman : X of Swords. A sa suite, une deuxième période nommée Reign of X nous amènera jusqu’au final, Inferno, en passant par l’émoustillant Hellfire Gala.
Je me permets de couper court au suspense, ce voyage fut à la fois très excitant, mais aussi particulièrement frustrant.
Difficile, en effet, de ne pas être en premier lieu excité par ce grand nouveau départ. X-Men, X-Force, Wolverine, New Mutants, Excalibur, Cable… autant de titres qui font remonter à la surface de chouettes souvenirs. Retrouver des vieux potes, ça n’a pas de prix non ? Alors oui, on se dit que les années ont passées, que les choses ne pourront pas être à l’identique, mais il reste une émotion pure et délicieuse. Cela dit, le nouveau lecteur n’est pas en reste non plus : autant de séries pour autant de promesses d’étendre le monde X et autant de découvertes inattendues !
Les pages se tournent, les numéros s’enchainent et l’exaltation alterne petit à petit avec une sentiment de perplexité.
Nouvelle ère
Nouvelle ère en effet car au final ce Dawn of X s’apparente plus au démarrage du nouvel univers X, lançant de nouvelles histoires, plaçant des titres dans des niches précises et multipliant les styles. Pas de reboot, pas vraiment un relaunch, mais une toute nouvelle étape de la vie des mutants dans le Marvel Universe.
Il y en a pour tous les goûts il faut avouer : la très impliquée X-Men, la violente X-Force, la magique Excalibur, les fun et légères New Mutants et Marauders, l’étrange Fallen Angels, la décalée X-Factor… alternant concepts classiques et habituels avec des idées fraîches et prometteuses. Le panaché est donc respectable.
Néanmoins, Après le coup de tonnerre fondateur des séries précédentes, où les mutants, enfin unis, forçaient le Monde à reconnaître à la fois leur souveraineté et leur puissance, il aurait été logique d’attendre des récits en forme de conséquences directes de ce coup d’éclat sur l’échiquier mondial. Hors, si bien entendu de nombreuses références parcellent ces nouveaux titres, cette situation inédite n’est pas particulièrement le fil rouge de Dawn of X.
X-Force et Wolverine tentent bien le coup en doublon avec une équipe black ops protégeant les intérêts des mutants, et X-Men aborde de son côté la communauté internationale timidement au bout du #4, mais c’est bien trop léger et fade. En lieu et place, les New Mutants se baladent péniblement dans l’espace, Excalibur explore très lourdement la magique Avalon et Autre-Monde et Cable se dispute mollement avec des robots de l’espace… rien de bien folichon de ce côté là.
Dawn of X sera finalement sauvé par les séries à concepts : Marauders et son équipage de pirates mutants menés par une Kate Pryde déchainée, Fallen Angels où Kwannon alterne introspection et affrontements violents et X-Factor dont l’équipe enquête savoureusement sur les mutants décédés… si si c’est savoureux, je vous jure! La palme revient à Hellions au principe foutraque : des mauvais mutants à problèmes regroupés sous la coupe de Sinistre.. que peut il se passer de mal?
Si la qualité est ainsi variable, c’est vraiment éditorialement que ce Dawn of X rends perplexe. La série porte étendard, X-Men, en est le parfait exemple. Histoires balayées en un ou deux numéros avec des conséquences minimes, nouveaux ennemis peu crédibles, tranches de vie hors sujet … une sensation de petit chaos alimenté une gestion éditoriale qui semble peu maîtrisée car il faut avoir lu X-Force #1 avant ce X-Men, dans lequel se conclue plus loin une histoire qui a commencé dans New Mutants, avant qu’il ne bascule vers le gros évènement du moment : Empyre. Avec donc la quasi absence de conséquences directes suite à HoX/PoX, Dawn of X manque de bases, de piliers, de liens pour obtenir complètement le statut de « nouvelle ère » revendiqué par Marvel. D’autant que les différents titres tapent sans vergogne dans le passé des X-Men pour alimenter leurs histoires. Difficile de savoir à qui s’adresse ce relaunch qui semble coincé entre fraîcheur et nostalgie.
Il reste néanmoins cette sensation acide à la vue des X-Men repliés sur eux même, sur la défensive, avec un fonctionnement plus proche de la secte que de la famille. La catastrophique vision prophétique de xxxxx a permis à Xavier, Cyclope, le Fauve, Tornade de s’assoir de bon cœur aux côtés d’Apocalypse, Sinistre, Exodus, Mystique! Cette vision est troublante pour le connaisseur qui attends ardemment des explications approfondies.. ou du moins, qui les espère…
En attendant, sortez et lustrez vos épées. Les mutants vont devoir faire de même pour défendre leur jeune nation lors de X of Swords!
Mutants Kombat !!
1er évènement de cette nouvelle ère, X of Swords va réunir l’intégralité de la Mutanité contre une menace qui pourrait détruire le havre de paix qu’ils ont si durement construit (pas tant que ça remarque.. bref, vous avez l’idée…).
Dans les temps anciens, une armée implacable déferla d’une dimension parallèle sur la nation mutante d’alors. Apocalypse et les siens les repoussèrent in extremis et payèrent un lourd tribu à cette victoire. Le mutant se promit, et avec une ferveur sans égale, de préparer les siens au retour inévitable de ces terribles adversaires. Via cette habile retcon, nous avons un habillage intéressant d’un personnage qui pouvait ainsi sembler trop binaire. Ce faisant, c’est un ajout important au lore mutant qui apparaît, confirmant que la version d’Hickman se donne les moyens de marquer son passage.
Bon, toujours pas de réactions dignes de ce nom du Marvel Universe, mais plutôt une guerre interdimensionnelle qui prendra vite la forme d’un tournoi plutôt prometteur. L’évènement touchant l’intégralité les titres X, chaque scénariste apporte donc la pierre à cet édifice. Si il faut avouer une homogénéité très acceptable de leur travail, le déroulé reste très classique dans la forme.
1èr coup dur : réaliser que si il y avait bien une série à suivre pour arriver à X of Swords, c’était l’ennuyeuse Excalibur… celle là même que j’avais choisi d’écarter… heureusement, les Dieux des comics savent que notre foi peut vaciller. Quelques résumés et explications, parsemées ici et là, feront l’affaire pour combler mes lacunes.
Classique ne signifie pas ennuyeux, heureusement. Les grandes lignes de l’histoire, déjà vues mais efficaces, vont ainsi apporter leur lots d’excitation : qui sont les 10 champions des mutants ? qui seront leurs adversaires ? qui mourra définitivement loin de Krakoa et du protocole Résurrection ? Si nous faisons abstraction de la sensation de lire un shonen X-Men, il faut avouer que les promesses de combats épiques, héroïques et d’enjeu de vie et de mort donnent quelques frissons !
Si il est possible de regretter le manque de place consacré aux ennemis, pourtant prometteurs, disons que dans l’ensemble, l’exercice dans cette première moitié de montée en pression de l’évènement est réussi. Il faut néanmoins avaler quelques facilités scénaristiques (les morts seront « définitives », un ennemi trop basique, une prophétie bien pratique…) mais, au vue des promesses à suivre, le lecteur pourra se montrer compréhensif.
Mais ce tournoi va prendre une orientation des plus étranges et inattendue, et ce n’est hélas pas un compliment. Ainsi, à une vachette prés, c’est plutôt un Interville qui s’est mis en place sous mes yeux éberlués. Le temps de quelques planches hallucinantes, les enjeux dramatiques semblent s’envoler au profit d’une compétition sympathique entre deux camps de vacances. L’enchainement désordonné des épreuves rends la lecture plus difficile. Changement de lieux, de personnages, d’unité de temps… une alternance frénétique fait perdre le fil de cet affrontement pourtant si important, que l’affichage constant du score enfonce dans le ridicule. Et j’ai bien regardé, Taïka Waititi n’est pourtant pas crédité dans l’élaboration de ces histoires…
Continuant dans le classique, le climax parvient in extremis à rehausser cet évènement des plus perturbant. Sans surprise, le chaos explose lors d’un final apocalyptique. Suite à cette parodie de tournoi, j’avoue que je suis preneur d’un épilogue simple mais efficace. Mieux que cela même, ce final coche les bonnes cases dans la catégorie Comics : distrayant, grandiose, rythmé, et flamboyant.
A ce titre, la partie graphique reste globalement très acceptable. Pepe Larraz se charge des moments clefs et ses crayons hissent immédiatement le récit en qualité. D’autant que les designs sont un gros points positifs de l’évènement. Ennemis, décors, armures, armes, une délicieuse ambiance de Dark Fantasy embaume cet affrontement dans la lignée du somptueux Seven to Eternity de Rick Remender et Jerome Opeña.
Il faut avouer que les X-Men d’Hickman ont de la suite dans les idées. Après un Dawn of X trop perfectible, voici un évènement peu ou prou sorti de nulle part, dont le déroulé souffle le chaud et le froid. Si les personnages ont enfin un peu plus de place sous nos yeux, c’est encore une fois éditorialement que des questions se posent. Cet évènement se pointe ainsi alors que la moitié des séries Dawn of X n’ont pas eu un arc entier et seule Excalibur y a donc un lien direct. Les copines se mettent donc simplement en pause le temps du tournoi avant de reprendre leurs propres fils rouges par la suite dans Reign of X. C’est dire les conséquences anecdotiques de ce X of Swords tout juste divertissant.
Nouvelle ère (suite)
« Suite » en effet car si Dawn of X tenait comme principe l’aube de nouvelles séries mutantes, j’avoue ne pas avoir compris le concept de Reign of X. Même ambiance, même contexte et statut quo, rien de particulièrement notable au cours de cette 2ème vague qui atteindra l’épilogue Inferno avec une halte par le Hellfire Gala.
Pas de changements majeurs donc dans le roster principal : X-Men reste hétérogène, entre le inintéressant et le grandiose, X-Factor et Hellions confirment globalement leurs statuts de séries X les plus cools, Cable et Excalibur s’enfoncent dans l’ennui et X-Force et Wolverine continuent de faire doublon tout en faisant globalement le boulot. Seul mouvement : New Mutants, qui accueille une nouvelle scénariste et émerge en meilleure forme, devenant pleinement léger, rythmé et prenant.
Fallen Angels tire sa révérence et de nouvelles copines font leurs arrivées :
SWORD explore la partie cosmique de l’univers des mutants (cosmiX du coup). Le concept est bien utilisé et la série s’ouvre vite vers le grandiose. Mention plus à l’intenable Abigail Brand, magnifique épine dans le *** de… plein plein de gens.
Children of the Atom présente des jeunes mutants en quête d’identité, ou bien il s’agit de copies… bon, pour tout vous dire, j’en sais rien car le côté teenage assumé et le manque d’originalité m’ont lassé bien avant la dernière page.
Way of X a Diablo comme protagoniste principal et, en plus, il est bien utilisé. La spiritualité est au centre de la quête de ce dernier qui (enfin!!) se posent de très bonnes questions sur ces congénères X. Hélas, au final, pétard mouillé certes mais une série agréable, homogène et d’un niveau d’écriture au dessus de la moyenne.
X-Corp développe le côté business de la Mutanité. Monet St Croix et Angel sont à la tête du conglomérat international dans une série qui effleure son concept mais se noie vite dans du très classique servi par une écriture plate et attendue.
Ce dernier point semble au final être un des leitmotivs de ces X séries. Rares sont celles qui embrassent leurs concepts en profondeur et livrent, pour le coup, une lecture originale. Pas assez de pirateries dans Marauders, pas assez d’opérations black ops dans X-Force, pas assez d’exotisme dans SWORD, pas assez d’utilisation des concepts fous de « krakoa » dans Wolverine, New Mutants, Cable… Malgré une proposition phénoménalement nouvelle en début d’ère, les séries cochent trop souvent le cahier des charges du comics mainstream de super héros pour être à la hauteur même de l’évènement. Pire, ce nouveau départ manque cruellement de caractère et d’identité en dehors de la nation mutante de Krakoa. Déjà abordé : la quasi absence très dérangeante de réaction internationale, mais aussi l’utilisation trop frileuse de l’X-Corp et de la Hellfire Trading Compagny, pourtant piliers de la Mutanité. De même, aucune présentation digne de ce nom de Xeno, du Bureau X, de l’Ordre du X qui semblaient des idées prometteuses. Il manque ainsi une âme à cette ère, une myriades de « petits quelque chose » qui permet de construire in fine un run mémorable. Le lecteur pourra bien entendu y trouver son plaisir ici ou là, mais, avouons le, il n’y trouvera pas les promesses folles égrainées dans House of X. Cela dit, il a reçu une étrange invitation d’une E. Frost pour un gala qu’elle promet « mémorable ».
Murder on the dance floor
Ce n’est pas parce que l’on vit sur une île isolée et loin de New York, Paris ou Milan que l’on ne peut pas se la péter sévère. Jumbo Carnation est un mutant et un styliste de génie. Comme quoi, le gène X, cela mène à tout. Et lorsqu’il croise une ancienne Reine Blanche de Club des Damnés qui brûle d’en mettre plein la vue au Monde, cela donne le 1er Hellfire Gala de Krakoa.
Du très beau monde lors de cette réception plus que mondaine. Steve Rogers, Fatalis, la famille Richards, Namor, des représentants plus ou moins alliés des grands pays, et même Kevin Feige qui vient préparer sa phase 6, ou 7 … petit malin. Nouvelle parenthèse dans le déroulé des séries mensuelles? Nenni cette fois, ces dernières continuent leurs fils rouge et tentent d’exister en se greffant à un gala qui au final n’a pas grand chose à raconter. De jolies tenues, des mondanités attendues, des faces à faces plus ou moins réussis… jusqu’à Planet Size X-Men #1, en milieu des festivités, où la tonitruante annonce effectuée par une Emma Frost au sommet de sa gloire personnelle jette un immense froid dans l’assemblée incrédule et prostrée. La Mutanité s’ouvre vers le reste de la galaxie …
Hellfire Gala avait tout pour être agréable, fantasque et « mémorable » donc . Il aurait pu (enfin!) confirmer le nouveau statut des mutants dans l’Univers Marvel. Hélas, une fois de plus, les connections/relations avec le Monde extérieur à Krakoa se limitent au strict minimum. Les réactions restent attendues, binaire et sans subtilités aucunes. Pourtant, avec un tel acteur apparaissant sur l’échiquier mondial, l’horloge nucléaire aurait du avancer de plusieurs minutes. Non seulement, il n’en est rien, mais cet épisode semble entériner définitivement une sensation désagréable : ces mutants sont tout simplement détestables… tous… Mais laissons Jonathan Hickman terminer avec Inferno pour y revenir.
The Final Countdown
Derniers mois de lecture et derniers numéros avant donc l’épilogue de la saga. La valse des séries continuent avec les arrêts d’X-Factor (zut) et de Cable (ouéé). The Trial of Magneto fait son apparition, mini série de 5 épisodes faisant suite à un évènement autour du Hellfire Gala. Si c’est visuellement intéressant, il reste une histoire massivement tirée par les cheveux, brouillonne et livrant une conclusion particulièrement abusée. Les séries habituelles continuent de dérouler leurs vies intégrant par ailleurs efficacement la nouvelle ressource mutante présentée au Monde pendant le Gala. Mention plus ainsi à SWORD et à un diptyque de numéros sur Wolverine.
Hickman doit maintenant finir son passage ambitieux et grandiose, et avec beaucoup beaucoup de choses à aplanir. L’excitation dominait le début du voyage. C’est, hélas, la perplexité qui a pris sa place. Les racines plantées par la vision de xxxxx dans HoX/PoX n’ont jamais vraiment prises, ou alors tellement maladroitement que cette Mutanité en est devenue repoussante. Sans aucune préparation, rappel, fil rouge général, nous voici donc à la conclusion de l’ère Jonathan Hickman. Ce dernier a rendu l’espoir aux lecteurs de X-Men, celui de voir à nouveau leur franchise à la place qu’elle mérite dans l’univers Marvel. Je pense qu’ils sont tous dans le même état que moi, tremblant et en sueur en passant les portes d’Inferno.
Lecture pour la préparation de cet article : 210 numéros US via Marvel Unlimited !
X-Men par Jonathan Hickman – part 1 : House of X / Power of X
X-Men par Jonathan Hickman – part 3 : Dawn of X / Reign of X – review détaillée (à venir)
X-Men par Jonathan Hickman – part 4 : Inferno (à venir)
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Merci pour cet article ô combien complet et détaillé. J’ai pris une claque avec HoX/PoX et je trouve tellement dommage que le run ne soit pas à la hauteur de ces fondations.
C’est vrai que j’avais l’impression parfois de me faire du mal pour rien, mais si tu l’as lu, ça valait le coup! Thankx!